Les ordres initiatiques nous invitent à dépasser le monde de la soi conscience pour retrouver la vérité de l’homme vrai (du premier Adam ?). Nous sommes alors invités par la Table d’Emeraude d’Hermès Trismégiste, (Thot), à réaliser l’union du ciel et de la terre « monte avec la plus grande perspicacité de la terre au ciel, puis redescend sur la terre et unis étroitement les pouvoirs des choses supérieures et inférieures… Ainsi tu obtiendras la gloire du monde entier et les ténèbres fuiront loin de toi. » Le génie peut maintenant parler, rien ne s’y oppose. Sans se cacher car quand le génie parle, seuls peuvent comprendre ceux pour qui le génie parle aussi. « Que ceux qui ont des oreilles entendent…. «
Nous savons que la lumière divine doit nous éclairer pour que nous puissions nous repérer sur notre chemin.Tout notre travail consiste à éliminer l’épaisse gangue matérielle qui la couvre et nous empêche de la pénétrer.
Le génie n’est autre qu’une déchirure momentanée dans le voile qui cache la Lumière.
Savourons, jubilons dans les instants où il nous est permis de le rencontrer.
Apprenons lentement à l’apprivoiser.
Les perceptions sensorielles nous font envisager la réalité matérielle, elles vont de l’extérieur vers l’intérieur.
La connaissance du vrai, notre quête, passe par la recherche de la vie intérieure. Au sens de VITRIOL.
L’approche sensorielle est une approche relative et imparfaite.
L’approche spéculative va nous mener à la connaissance absolue.
L’intuition nous mettra en relation avec d’autres cieux.
La connaissance de nous même nous permet une première et salutaire rectification.
La séparation du subtil de l’épais est un programme ambitieux, la quête d’une vie ?
La vigilance devra être là pour nous éviter toute « rechute ».
Pour Marc Aurèle la philosophie ( à prendre dans son sens le plus noble) consiste : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines, à ce qu’il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par faux-semblants, à ce qu’il ne s’attache point à ce que les autres fonts ou ne font pas. Et en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui est dévolu, comme venant de là même d’où lui-même est venu. Et surtout attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant » et l’on pourrait ajouter, la libération de l’Esprit et le retour à l’unité.
Etes vous prêt à entrer dans les entrailles de la terre pour y trouver un trésor ?
Cette invitation renouvelée nous est faite au cours de notre parcours initiatique.
Silence, Secret, Sacré prennent ici une autre dimension.
Silence, avant que ne s’accomplissent les œuvres, règne le silence.
Le silence précède la création !
Le silence, ici, est un silence introspectif.
Hildegarde de Bingen disait : « O homme regarde toi, tu as en toi le Ciel et la Terre. ».
Cette invitation nous a été faite avant même notre initiation dans le Cabinet de réflexion. Elle concernait notre humanité, réceptacle d’une divinité que l’on révélait en nous par l’initiation, que l’on cherche encore aujourd’hui à percevoir.
Maintenant elle n’est que plus vraie, il nous est demandé de trouver en nous quelque chose de plus précieux, de si précieux même, ce trésor, que sa perception nous détruirait que l’on doit en enfouir et conserver dans le silence le plus total et de garder secret.
Nous, hommes, pris dans notre petit quotidien d’humain nous avons besoin de trouver dans le silence, les racines d‘un langage perdu qui n’est pas dans l’individuation par les sens qui nous trompent.
Nous Francs-maçons qui aspirons à retrouver la parole perdue, il nous est demandé de nous libérer pour laisser s’exprimer d’autres choses qui dépassent les mots. De plus intuitif.
Qu’il me soit permis de citer ici Mary Madeleine Davy qui cite elle même Grégoire de Nysse : « L’âme est à la frontière de deux réalités, l’une intellectuelle, incorporelle, incorruptible ; l’autre corporelle, matérielle, irrationnelle. Lorsqu’elle s’est purifiée de son adhérence à la vie présente et matérielle, elle se tourne…. vers le divin auquel elle est apparentée. ».
Nous devons faire un choix entre les deux natures qui sont en nous. Soit le tumulte de la cité, le bavardage, le bling bling, le tohu-bohu assourdissant qui nous engloutit dans la matérialité. Soit la recherche en nous de ce que nous avons de plus profond en faisant parler le silence. En essayant de révéler ce qui est en nous. En travaillant sans relâche pour découvrir, (ou ouvrir ?) ces Séphiras, de Malkut à Kether. Du Royaume à la Couronne.
Le silence nous permet de faire la place au Génie du Cœur de Nietzsche « qui ne prononce pas un mot….qui fait taire les bruyants et les vaniteux et leur apprend à écouter » le Génie du Cœur « dont nul n’est effleuré qu’il ne se sente plus riche, non pas jeté dans un état de grâce et de surprise, non pas comblé et oppressé de biens venus d’ailleurs, mais plus riche de soi même, renouvelé de ses propres yeux…. Plein d’espoirs encore sans nom »
Après avoir été initié, on devient responsable de sa propre recherche et de sa réalisation spirituelle.
Du silence au dévoilement, voilà le sens de la démarche.
C’est dans le silence que le franc-maçon peut reconquérir son unité avec le divin.
C’est un silence de méditation
Le silence, nous libére des sens et nous donne l’accés au divin.
« La révélation intérieure donne accès au secret, donc au silence » dira Jacob Böhme
Le silence permet de garder précieusement un secret, de ne pas le dévoyer.
Le secret, il est toujours présent dans tous nos rituels.
Il y a un secret que l’on peut qualifier d’humain ou profane au sens ou il participe de la connaissance et de l’être car il ne peut y avoir partage du secret sans connaissance du secret par d’autres. Il est accessible à tous ceux qui sont jugés dignes de le partager par celui (ou ceux) qui le possèdent et l’on notera ici le sens de possession. Cette approche du secret est du domaine de la raison, donc a un coté humain.
Pour pouvoir être reconnu digne de partager ce type de secret, il faut avoir fait preuve de qualités humaines et avoir remplis des obligations ou des épreuves concrètes ou montré des qualités particulières, garantie que les secrets ainsi communiqués ne sont pas mis dans des mains inaptes, au sens de non préparées ou incapables de les comprendre.
Ils font souvent l’objet d’un serment concret et d’une punition « humaine » s’ils ne sont pas tenus.
Ce secret là met une barrière entre les profanes et les initiés, mais aussi détermine une séparation scalaire entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, c’est ainsi qu’est organisé notre rite et pour accéder à un degré quel qu’il soit il faut d’abord être tuilé.
Il y a ensuite le secret ontologique c’est à dire qui est du ressort de la compréhension de tout ce qui est.
On ne peut résoudre les problèmes des secrets divins de la nature par le savoir livresque qui nous éloigne de la lumière de la raison par l’éblouissement illusoire de notre intellect trompeur. Nous savons en tant qu’initiés qu’en cherchant au-delà de notre propre moi nous nous fourvoyons.
Il est impénétrable pour le profane qui ne peut le comprendre, encore moins le posséder. Il est de l’ordre du mystère.
Il faut d’abord être initié pour prendre conscience de sa réalité impénétrable et suivre un parcours semé d’épreuves initiatiques pour s’en rapprocher par dévoilements successifs.
C’est notre raison d’être dans les écoles des mystères..
L’Initié est sur le chemin, je dirai le sentier, de l’accession au secret car la voie est étroite et peu balisée, sombre même. Le parcours est un parcours personnel, mais aussi collectif. Dans la légende de la construction du Temple de Salomon se sont en effet 3 hommes, qui vont descendre dans les entrailles de la terre par un puits, et cheminer pour ramener à Salomon la Pierre d’Agate, et le mot désignant la Conception Suprême, le Centre de l’Idée. Dans la symbolique l’agate favorise l’équilibre du corps et de l’esprit.
Secret et Sacré ont la même racine (secernere).
Nous travaillons toujours dans des lieux, des temples consacrés, c’est-à-dire rendus propice à l’accueil du divin, par des pratiques ritueliques, comprenant des purifications et des rituels de sacralisation.
Cependant à l’intérieur du lieu consacré le profane et le sacré ne se mélangent pas.
Alors, y aurait-il un hiatus dans notre cosmogonie ?
L’Initiation a révélé en nous l’étincelle divine. Cette étincelle est contenue en nous à la façon d’un vase, en tant que créature, le vase appartient au monde profane, seule d’étincelle divine est sacrée.
Nous travaillons à un long et lent processus de maturation, qui passe par différentes phases qui vont de l’individuation des sens à la libération des Sens par la Volonté.
Nous pouvons aller plus loin vers ce qui touche de prés à la divinité.
Car en devenant, nous devenons progressivement les temples vivants du Grand Architecte de l’Univers.
Nous pouvons maintenant grâce à l’Esprit seul, approcher de la Connaissance et construire notre Temple Intérieur.
C’est ce qui va se passer par la descente au centre de la terre, nous allons nous rapprocher encore plus du Divin et « toucher au Sacré » en remontant le Pierre d’Agathe et le NOM, mai sans pouvoir parvenir à En Soph qui est une quête sans fin.
Le Sacré sera mis au Secret et enfoui sous la colonne Tiphereth (Beauté).
Cet enfouissement met fin au psychodrame fondateur de la légende Salomonienne.
Après cette lente maturation interne, nous ne sommes que plus convaincus que c’est en nous que nous devons retrouver ce qui nous fait créature du GADLU.
Ce n’est pas dans l’égotisme que se trouve la solution, c’est dans l’alliance avec la Vertu et les hommes vertueux.
« Ce que la vertu à uni, la mort de ne le séparera pas »
Nous aurons alors la sérénité, la paix intérieure, que nous devons mettre au service de nos Frères et de notre prochain.
Nous devons être est tolérants et justes.
Arrivés là, nous pouvons arborer, sans en rougir, les traits du Chevalier.
Mais nous ne serons pas pour autant des hommes de violence.
Nous serons des hommes de volonté, de vertu et d’amour.
Nous pourrons alors essayer, avec travail et humilité, de nous élever vers les grandes cimes de l’Esprit. Ecouter la Musique des Sphères.
Alain Aussenac