Fin 2025, le monde ne débat plus de principes, il vit avec leurs conséquences.
Les grandes promesses formulées à Davos ont perdu leur innocence. L’ESG n’est plus un slogan ni un refuge moral, il est devenu une arithmétique sévère où chaque décision pèse sur la stabilité économique, sociale et écologique. On ne parle plus de vertu, mais de continuité.

La confiance, elle, demeure fragile. Les institutions avancent sur un sol instable, miné par la polarisation, la fatigue démocratique et la prolifération de récits artificiels.
L’intelligence artificielle, omniprésente, éclaire et trouble à la fois. Elle optimise, anticipe, surveille, mais elle révèle aussi l’étendue des fractures sociales et la difficulté à gouverner des systèmes devenus plus rapides que la politique.

La transition énergétique progresse sans triomphalisme. Elle avance par contraintes, par pénuries et par arbitrages douloureux. La planète rappelle, par ses dérèglements, que le temps n’est plus un concept mais une pression. La nature n’est plus un décor, elle est devenue un acteur économique à part entière, inscrite dans les bilans, les risques et les conflits d’usage.

Et désormais, la guerre est de nouveau pensable en Europe. Non comme une abstraction historique, mais comme une hypothèse stratégique.
Le continent, longtemps convaincu que l’interdépendance suffisait à garantir la paix, redécouvre la grammaire du rapport de force. Le réarmement s’impose, lentement mais sûrement, non par goût de puissance, mais par crainte du vide. Les budgets militaires augmentent pendant que les discours se durcissent, les usines de défense tournent pendant que l’idéal d’une paix acquise s’effrite.

Ce retour du tragique bouleverse les équilibres. Il redessine les priorités industrielles, détourne des ressources, fracture les consciences.
Il pose une question inconfortable, comment concilier urgence climatique, justice sociale et préparation à la guerre ? Comment investir dans l’avenir quand il faut, simultanément, se préparer à le défendre?

Dans ce monde fragmenté, la géopolitique agit comme une marée imprévisible. Les entreprises naviguent entre sanctions, souverainetés concurrentes, chaînes d’approvisionnement sécurisées et attentes sociétales contradictoires. La stratégie n’est plus un projet linéaire, mais un exercice de résilience permanente, où le court terme militaire et le long terme climatique entrent souvent en tension.
Et pourtant, quelque chose a changé.
Une lucidité nouvelle s’installe. L’idée que la paix, la prospérité et la durabilité ne sont pas des états naturels, mais des constructions fragiles. Que la technologie sans gouvernance devient une arme, que la croissance sans justice nourrit la colère, que la sécurité sans vision mène à l’impasse.
Fin 2025, le monde n’attend plus des promesses. Il avance dans un temps resserré, entre peur et responsabilité. Il attend des choix non héroïques, mais justes.
Retrouver nos fondamentaux… Ou disparaitre dissout dans le grand tourbillon… N’oublions jamais qu’Ares n’a été que blessé par Hercule!
Après les horreurs de la Première Guerre Mondiale, Paul Valéry écrivait, dans « La crise de l’Esprit », « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».
Demain parait bien mal engagé!
©️Alain Aussenac