Catégories
Non classé

La Lumière de décembre

Décembre est le mois où la nuit s’impose.
Les jours se retirent, le froid immobilise, le monde semble entrer en veille.
Et pourtant, dans les religions du Livre, c’est précisément à ce moment-là que la lumière est affirmée, non comme évidence, mais comme fidélité.
Cette lumière n’est jamais spectaculaire.
Elle est fragile, comptée, souvent menacée.
Mais elle est déclarée invincible.

Chez les juifs, c’est Hanoucca du 14 au 22 décembre, c’est la reconquête du temple de Jérusalem et son inauguration après la victoire des Maccabées.
On allume le Ménorah, le chandelier à 7 branches et chaque soir, on ajoute une flamme.
La nuit est toujours là, mais elle recule d’un pas.
La lumière juive de décembre enseigne que le monde n’est pas sauvé d’un seul coup, mais par fidélité quotidienne.

Dans le christianisme, la lumière de décembre prend un visage, celui d’un enfant, né dans la nuit.
Noël ne célèbre pas la lumière triomphante, mais la lumière incarnée, vulnérable, exposée.
« La lumière a brillé dans les ténèbres » et elle n’a pas été reconnue par tous, nous dit Jean, l’évangéliste, celui que Jésus aimait.
La lumière chrétienne de décembre n’est pas encore gloire.
Elle est promesse, commencement, silence.
Elle demande à être protégée, portée, transmise.
Elle affirme que Dieu ne combat pas la nuit par la force, mais en entrant en elle.

L’islam place la lumière au cœur même de sa révélation, Allah est appelé An-Nûr, la Lumière.
Une lumière qui n’est ni soleil ni feu, mais un phare, al manar, une orientation, une clarté intérieure.
Dans le Coran, la lumière n’abolit pas la nuit, elle montre le chemin.
La lumière est ce qui permet de marcher sans se perdre.
La lumière de décembre, dans cette perspective n’est pas un événement, mais une présence constante, offerte à celui qui cherche.

Chez les francs-maçons, la Lumière de décembre symbolise le retour progressif de la connaissance et de la vérité dans l’obscurité, rappelant que l’ignorance n’a jamais le dernier mot.
Elle incite à la vigilance et à l’initiation intérieure, chaque flamme étant un pas vers la sagesse.
« Que rentrés dans le monde, on reconnaisse toujours les vrais enfants de la lumière. »

La nuit n’a jamais le dernier mot.

Asser, Le chandelier et les oiseaux du Paradis, 1962. Marc Chagall.
Lithographie réalisée pour un portfolio qui retrace le travail de Chagall pour les douze vitraux conçus pour la synagogue du Centre médical Hadassah à Jérusalem. (À voir)

Avatar de Alain Aussenac

Par Alain Aussenac

"A vingt ans, il s'était cru libéré des routines ou des préjugés qui paralysent nos actes et mettent à l'entendement des oeillères, mais sa vie s'était passée ensuite à acquérir sou par sou cette liberté dont il avait cru d'emblée posséder la somme." L'Œuvre au noir, Marguerite Yourcenar

Laisser un commentaire