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La réalité ne se réduit pas au monde des apparences…

Dans la matrice du cabinet de réflexion, le grain de blé a germé, symbole de la  réalisation l’œuvre au noir (Nigredo) nourrie  par les scories de l’introspection sur la vie du profane.

Nigredo

Cette vie, dans le quotidien de notre monde, est le placenta qui a  alimenté l’être nouveau dont la venue est annoncée.

Tous les exemples, que nous pourrions trouver dans toutes les traditions humaines, rendent compte de ce séjour-arrêt dans un  lieu de réflexion ou d’épreuve précédant un changement d’état.

Un passage est souvent vécu dans certaines traditions comme une fête.

Le monde du quotidien est sans vraies lois et sans espérances, sa vraie nature ontologique, son sens, il est à la vue, proposé au candidat dans le cabinet de réflexion dans ses diverses composantes.

Mais il n’a pas les clefs pour le comprendre.

Le cabinet de réflexion est le lieu du quatre,   d’ailleurs 4 en hébreux est le mot Daleth qui signifie porte.

Daleth-La Porte

A ce stade de sa réalisation, le candidat a deux choix ou il s’enlise dans la matière  sans s’accomplir ou il poursuit sur le chemin de l’espérance.

Le cabinet de réflexion, provoque une prise de conscience avant de franchir le haut du quatre et passer à l’étage de l’Etre.

Le cabinet de réflexion

Le but est le déclenchement de la prise de conscience ontologique, la direction symbolique de la voie que l’on va emprunter, la recherche de cette voie dans l’étude des propriétés générales de tout ce qui est.

Voilà le début de  l’Espérance, l’Oulam du temple de Salomon, le lieu des fidèles, le lieu de l’Espérance de participer aux promesses du créateur.

L’oulam

Espérance, première vertu théologale.

Ainsi le candidat va sortir du cabinet de réflexion comme un enfant à sa naissance en abandonnant une partie de ses vêtements, le cœur découvert, ouvert sur les autres, le genou droit mis à nu symbole de piété, pied gauche déchaussé (en pantoufle) pour se préparer à fouler un lieu sacré, privé des métaux, les yeux couverts par le bandeau, le voilà prêt et autorisé à frapper à la porte du temple.

Le voilà sur le chemin des épreuves qui vont lui permettre d’accéder à la révélation.

Oui, la réalité ne se réduit pas au mondes des apparences.

Déjà Platon dans l’allégorie de la caverne, nous indique la difficulté à connaitre ce qui est, et la difficulté à le transmettre.

La caverne

L’homme accède à la perception du monde terrestre par la loi de ses sens. De la réalité ontologique, il n’en posséderait que les ombres projetées puisées dans le monde des idées.

L’acquisition de la connaissance nécessite un travail impérieux, des efforts pour apprendre et comprendre et des maîtres pour ouvrir la voie.

Le monde sensible comme nous l’avons souligné tout à l’heure est une prison pour l’âme.

Alors comment dépasser nos contradictions.

Parmi les Old Charges qui témoignent de notre tradition maçonnique, figure un manuscrit du XIV siècle, le Régius, qui commence ainsi :

« Quiconque sait comprendre et lire pourra trouver en livre ancien… »,

Pour comprendre, un certain âge est nécessaire.

Pour nous, franc maçon, il correspond au midi de la vie.

Savoir lire, c’est d’abord pouvoir lire, c’est être libre.

Cela va consister, pour les voyants à se débarrasser du bandeau des passions et des préjugés qui voile leur vue, et pour les aveugles à rompre les chaînes qui lient leurs mains.

« Cherchez et vous trouverez.», à quoi vient s’ajouter « Travaillez et persévérez.».

Il faut une volonté et fournir des efforts pour retrouver dans un symbole l’idée originelle, suggérée, indiquée ou représentée par un signe.

Pour le Franc Maçon, le symbole libère. Il nous met sur la voie de la réalité.

Le symbole est un signe qui a pour but de nous révéler une réalité que nous ne pouvons appréhender par d’autre démarches notamment scientifiques.

Le symbole représente autre chose que lui même, il est source de différentes interprétations, parfois opposées, mais complémentaires et il ne peut signifier n’importe quoi.

Le symbole masque un message qui doit nous permettre de parvenir à la connaissance, objet de notre quête maçonnique.

Ne devons nous pas raisonner comme Bernard d’Espagnat, qui pense que tout réel est voilé, que la réalité est à un niveau plus profond que ce qui est perçu par le sens commun et que l’étude symbolique consiste à aller au delà du voile, ou comme José Bonifacio, dans « Au delà de la parole perdue », qui suggère que dans un imaginaire transcendantal, où la communion est dans la profondeur infinie de l’implosion en UN, se trouve un parcelle de vérité permettant de donner une signification aux symboles, ou comme une multitude de penseurs, de philosophes, de poètes, d’écrivains  passés et présents qui ont traité le sujet, que tout symbole est une partie d’une réalité imperceptible, reprenant ainsi l’aphorisme » d’Héraclite, « La nature aime à se cacher ».

Etymologiquement, le  symbole est un ensemble de deux morceaux, en symbolique, l’un des deux est un signe, l’autre une idée.

Le signe est un signifiant représentant une partie visible, et l’idée est un signifié qui représente l’aspect non vu.

Le travail du Franc Maçon va consister à.retrouver le morceau manquant, le réunir au signe, comprendre l’ensemble ainsi formé et le traduire en termes compréhensibles. Bref, trouver l’idée .

Serais-ce là une finalité du symbolisme maçonnique : rassembler ce qui est divisé, autrement dit: « Rassembler ce qui est épars » ?

Mais si nous avons trouvé l’idée à travers un symbole ne devons nous pas craindre devant la nouveauté de cette pensée que comme le dit Carl jung, « nul mot de la langue que je parle ne peut l’exprimer de façon satisfaisante ».

Il nous faut donc trouver un autre mode de communication, un autre langage pour l’exprimer.

 Serait-ce cette langue unique que nous avons perdu dans l’édification de nos tours de Babel.

Tour de Babel, Pieter Brueghel

Le grand coup porté par le profane à la porte du temple est un acte de volonté.

Il indique que la démarche initiatique est un engagement personnel sur le chemin de la réalisation.

La porte du temple ouvre sur un nouveau complexe énergétique qui agit dans l’Espace Sacré.

La connaissance de la Loi, la croyance en Dieu, sont des éléments impératifs pour accéder à l’action constructrice et bienfaitrice de ces forces.

« Demandez et vous recevrez, frappez et on vous ouvrira. » Mathieu 7.7

La volonté de Dieu a besoin de la volonté des hommes pour se réaliser.

Note sur le mythe de la caverne :

Dans une caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n’ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu’à eux. Des choses et d’eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. Que l’un d’entre eux soit libéré de force de ses chaînes et soit accompagné vers la sortie, il sera d’abord ébloui par une lumière qu’il n’a pas l’habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l’on veut lui montrer. Alors, Ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? S’il persiste, il s’accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n’est qu’en se faisant violence qu’il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d’imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire : ne le tueront-ils pas?

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Par Alain Aussenac

"A vingt ans, il s'était cru libéré des routines ou des préjugés qui paralysent nos actes et mettent à l'entendement des oeillères, mais sa vie s'était passée ensuite à acquérir sou par sou cette liberté dont il avait cru d'emblée posséder la somme." L'Œuvre au noir, Marguerite Yourcenar

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