Les présocratiques sont les premiers penseurs à l’origine de la philosophie, telle qu’on l’entend dans l’occident hellénistique. Si l’on considère que Socrate est le premier philosophe hellénistique! (-500).
Mais on pense en général que les grecs s’étaient inspirés des égyptiens, (2780-2260 avant notre ère), avec les Textes des Pyramides, l’Inscription de Shabaka, les Maximes ou Enseignements de Kagemni et de Ptahhotep.
Pourtant on admet aussi que Thalès de Milet (vers 620-545 av. JC) serait le premier philosophe et aurait étudié en Mésopotamie…
Au fond, l’homme s’est toujours interrogé sur ses origines, ce qui l’amène à se positionner par rapport à son cosmos.
Qui je suis, d’ou je viens, ou je vais! Essence, origine, finalité telles sont les interrogations fondamentales de l’homme sur lui-même…
J’aime beaucoup Empédocle car je le trouve assez moderne!!! Et vous?
Empédocle, est grec, originaire d’Agrigente (Sicile). Tout comme, Parménide (Athénes et Sud de l’Italie) , Zenon et Eschyle (d’Eleusis dont on connaît les fameux mystéres) . Leurs prédécesseurs étaient Phéniciens ou grecs d’Asie mineure (Anaximandre , Thalés, Hésiode), on dit même qu’Homère serait d’origine Babylonienne..
De Homère à Euclide on traverse une période de 600 ans. Et l’on va de la fin de Babylone à l’époque des Ptolémés. On passe par la gloire de la Grèce et la naissance de Rome.
600 ans se sont écoulés de St Thomas d’Aquin (redécouverte d’Aristote à la première Renaissance) à Einstein (théorie en vigueur et dominante de la relativité).
A l’étude des pré-socratiques, on assiste à la formation d’un mode de pensée qui dirigera le monde jusqu’à nos jours sans altérations, si ce ne sont des périodes sombres ou la raison a été dévorée par les passions les plus basses qui ont sonné les heures les plus sombres de notre humanité.
Empédocle fait partie des poètes, son œuvre en vers que l’on imagine importante, a été en grande partie détruite et ce que l’on sait de lui, de son œuvre, mais surtout de sa pensée on le découvre à travers les écrits d’un certain nombre d’auteurs antiques que l’on retrouve pour l’essentiel dans l’oeuvre de Diogène Laerce (Ses Vies). Il eut pour zélateur, Héraclite du Pont, Hermippe, Hippobotos, Diodore d’Ephèse, Timée de Taormine, ses détracteurs pour l’essentiel sont des disciples d’Epicure dont le plus connu est Hermarque. Sa pensée sera utilisée par les néo-chrétiens au III siècle après JC, à travers Hippolyte de Rome et Marcion.
Allons à la découverte de sa pensée.
Dieu selon Empédocle
« A un moment donné, l’Un se forma du Multiple ; en un autre moment, il se divisa et de l’Un sortit le Multiple »
C’est dans les Origines et les Catharmes, que l’on trouve l’originalité d’Empedocle qui propose une rupture compléte avec la tradition culturelle, littéraire et religieuse. Le poéte invente un mythe, une cosmogonie nouvelle. Il commence par la rupture avec les croyances établies, il rejette les mythes anthropomorphiques sur les dieux que racontent les poètes, ( « tu ne feras pas d’images, pas de signes substitutifs de la vérité ; l’ineffable n’a pas d’images). Il s’en tient essentiellement à Apollon, (Dieu solaire et de la poésie dans la mythologie grecque). Il n’y a pas de rivalité ou de violence des dieux dans l’Olympe, dans l’âge d’or, les créatures tout simplement s’aiment, C’est l’Amour universel.
Pour Empédocle l’unité du divin est poussée à son éclatement, à assurer la vie la ou elle se retrouve. Le désordre ne peut pas être originel. Du « un » jaillit le multiple, le dieu se délègue au monde dans un aspect parcellaire multiforme qu’Empedocle appelle les démons. Il y a par les démons, qui s’adaptent à notre nature, une descente de dieu dans chacun de nous. Pour certains penseurs chrétiens, les démons d’Empédocle sont des âmes. Pourtant Empédocle assure une distinction entre âme et démon. Les démons sont, dans les êtres vivants, des doubles divins d’un tissu abstrait, ou transparent, intelligible ou intelligents, le dépassement de la condition terrestre n’est assuré que par cette seconde nature. Chez Empédocle, l’âme se diffère du démon par sa nature qui la rattache à la vie, elle est sang, sens, psychée et émotion, cognition, elle est partie intégrante du corps. Si le dieu est homme, il est dieu avec l’homme, en lui et pour lui : Dieu –homme sur terre, laissant à l’homme la possibilité, la volonté, d’être ou de devenir ce dieu qui depuis toujours occupe ses rêves et sa pensée.
Par la réunification naturelle.
C’est la révélation de notre initiation.
Cette révélation, nous rend compréhensible l’apothéose d’Empédocle.
Certains dirent qu’il s’eleva au ciel à la fin d’un banquet, que l’Etna garda son corps, une sandale de bronze fut retrouvée, rejetée par la lave !
Quoi qu’il en soit humour, folie, raison, ou simplement pédagogie, prophétie ou vision, il a montré la voie, sa voie ! Il est tout logiquement allé au bout de sa vision.
C’est par la perfection qu’on approche du divin…….. lui pensait orgueilleusement l’avoir atteint…… ce n’était pas un fanc-maçon !
Le Cosmos selon Empédocle
Pour Empédocle le monde visible est issu de la combinaison des quatre élements :
Pour lui ce qui nous apparaît comme le commencement ou la fin d’un être n’est qu’une illusion; en réalité, il n’y a rien que mélange, réunion de plusieurs substances. Les éléments dont toutes les choses sont composées consistent en quatre substances différentes incréées et impérissables (eau /Nestis, terre/Héra, feu/Zeus, air/Pluton).Les quatre éléments répondent aux apparences et aux états de la matière. Par exemple la Terre est le principe et le support de l’état solide et de la sécheresse. L’Eau, elle, est le principe et le support de l’état liquide et du froid. L’Air, celui de l’état volatil et gazeux. Et enfin, le Feu répond à la fois à la notion de fluide léger, support symbolique de la lumière, de la chaleur, des affinités. Leurs mélanges et leurs combinaisons produisent tous les naturels. Les éléments de base, dans le système, ne sont pas susceptibles d’être transformés . Empédocle a poursuivi davantage sa méditation sur l’harmonie de toutes choses. Il a développé une philosophie dynamique de la nature fondée sur les forces bipolaires de l’Amour et de la Haine, qu’il définira comme « la quadruple racine des choses ». Il a soutenu que pour que deux choses soient liées entre elles, il faut commencer par les séparer; que tout changement a lieu soit par combinaison, soit par dissociation des éléments donc il existe deux puissances actives : l’une qui les réunit quand ils sont séparés ; c’est l’Amour /Jilih. L’autre qui les sépare quand ils sont réunis; c’est la Haine/Neikos. Mais il y a un état où tout est uni par l’Amitié : le » sfairos » (sphaïros). Même si la Haine a parfois prédominance sur l’Amour ou le contraire, tout ramène quand même au sfairos . L’idée de l’Amour et de la Haine chez Empédocle signifie que le monde est un devenir qui passe par l’unité et la séparation.
On voit ici la correspondance de ces opérations dans l’Opus Magnum, solution/coagulation, dissolution/fixation, distillation/condensation, Systole/diastole, comme dira Jacob Böhme « du oui et du non en toute chose » ou dans l’alchimie Arabe : soufre/mercure philosophiques, sol/luna, l’épouse blanche et l’époux rouge.
La conjonction réconciliera les contraires dans l’union principielle, les noces du ciel de la terre qui donnera naissance au lapis, fils rouge du soleil.
L’amour et la haine forment dans un heureux hasard la nature des choses. C’est la cosmogonie de la discorde. Le ciel et la terre sont le fruit de la désintégration du sfairos par les forces principielles, s’ensuit ainsi la formation de toute chose, de la nature sidérale, animale, végétale, minérale.
La Sagesse selon Empédocle
Pour Empedocle, « ce qui est juste peut être dit même deux fois ».
L’ âme s’enrichit de ses transmigrations.
Dans la pensée d’Empédocle, l’âme constitue un être spirituel indépendant, unique qui a des capacités distinctes des sens. Les rosicruciens comprendront cette vue. C’est dans le diaphragme que se conserve la mémoire de l’âme qui s’enrichira ainsi de ses transmigrations. Le diaphragme entoure la pensée du cœur comme une boîte renferme un trésor ; c’est là qu’est installé le divin . C’est comme on dirait aujourd’hui la boite noire.
La sagesse d’Empédocle, c’est la force de la nature qui transforme inlassablement la matière, La force de l’amour qui gagne puisqu’il est à l’origine et à la fin d’un cycle de recommencement.
Dans l’aspect matériel, Empédocle porte en lui la théorie de l’évolution de Darwin.
Les fragments d’Empédocle ont été commentés avec enthousiasme par des poètes et des penseurs méditant sur le cosmos, comme Lucrèce, Hölderlin, Nietzsche et Bachelard. Romain Rolland, critique fervent d’Empédocle, affirmait qu’Empédocle « représentait pour son temps l’homme universel ». Une légende, déjà réfutée dans l’Antiquité, raconte qu’il serait mort en se jetant dans le feu divin de l’Etna, abandonnant à la terre, sur les bords du cratère, ses sandales. Cette légende alimente les rêveries sur sa vie et sa philosophie : Hölderlin en tire une tragédie, La mort d’Empédocle, et Bachelard construit un «complexe d’Empédocle » dans ses ouvrages sur le feu. Il s’agit du désir inconscient d’être consumé, détruit par les flammes. Dans les années 1960, la philosophie d’Empédocle est reconstruite et intégralement commentée par Jean Bollack.
La philosophie d’Empédocle


La philosophie d’Empédocle s’apparente par ailleurs aux théories orphiques et pythagoriciennes de la métempsychose. La tradition le représente comme un Maître spirituel, persuadé de détenir son savoir de ses différentes réincarnations.
Il est quand même surprenant de voir comment avec si peu d’éléments factuels, si peu de moyens d’investigation, dans une société quand même relativement peu évoluée matériellement, des penseurs ont pu imaginer le monde tel qu’on a démontré aujourd’hui qu’il est…(?)
Allaient-ils chercher tout cela dans le Monde des Idées?

Cela pose la question du démiurge…
Y a t-il vraiment une origine de tout?
L’origine est-elle un concept humain… ?