Pour Albert Camus, « l’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde.»
Au de là de la COVID 19, c’est une crise civilisationnelle que nous traversons.
Et dans cette peur de mourir qui se révèle au grand jour, nous sommes tous confrontés au questionnement ontologique qui au fond nous a amené à la Franc maçonnerie, « qui je suis, d’ou je viens ou je vais ». Cette interrogation, finalement, va me conduire au théologique car à j’ai la croyance en un Dieu transcendant.
Les voies du seigneur sont impénétrables !
Nous travaillons inlassablement pour percer ce mystère en conscience qu’il est impénétrable mais qu’en progressant vers le divin nous allons trouver des ressources pour mieux connaître, nous connaître.
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux », nous dit Socrate. Quelle chance dans ce contexte que d’être un initié !
En tant qu’initiés, nous sommes invités sur le plan symbolique à participer à la construction du Temple Universel de l’Humanité et contribuer ainsi à son émancipation.
Surtout, la Franc maçonnerie nous invite à travailler pour nous rendre meilleur et par cette action individuelle, rendre l’Homme meilleur.
Mais, et c’est plus fondamental, nous invite à participer au promesses divines et par la pratique de la vertu devenir les dignes membres d’une société parfaitement ordonnée.
Bien entendu, sans pour cela dicter les solutions pour y parvenir…
En nous faisant tout d’abord sortir de la temporalité en passant du monde profane et en entrant dans un espace temps sacré.
En nous faisant simplement voyager à l’intérieur du temple et de nous même avec pour viatique nos rituels, nos symboles et notre perception, nos sens, qui sont les vecteurs de notre intelligence et de notre raison.
Apprendre davantage à penser par soi même et se détacher des codes et des doctrines qui sont des conditionnements puissants dans notre société hyper médiatisée.
Travailler sans cesse pour revenir à l’unité principielle.
Voilà, le chemin est tracé !
L’initiation et le détachement :
Le détachement est la condition préalable à tout processus initiatique.
Tout commence dans le cabinet de réflexion, dans lequel nous sommes invités à mourir pour mieux renaître.
Le profane passe les yeux bandés du monde profane à la caverne au fond de la terre en son sein qui est le lieu de sa mort symbolique.
La lumière est toujours là blafarde émanant de la flamme d’une bougie comme un repère pour éclairer la caverne et projeter les ombres sur les parois.
Comme dans la caverne de Platon matrice d’un nouveau germe en gestation.
Dans un silence absolu, après s’être accoutumé à l’éclairage bien faible, il va commencer à distinguer tous les objets présents, les premiers symboles auxquels il va être confronté qui vont l’aider à progresser pendant toute sa vie maçonnique même mais là il est trop ému pour en pénétrer la profondeur du sens.
Le crâne, la faux, le sablier pour évoquer la temporalité, la moisson, la mort préalable à la renaissance.
Le miroir, recherche et introspection.
Le coq, la vigilance, la renaissance, le soleil qui donne vie.
Le pain, la transformation spirituelle, la récompense du travail accompli.
L’eau, élément essentiel à la vie, mais symbole de pureté et de purification.
Le Sel, le soufre et le mercure principes fondateurs de l’œuvre alchimique qui sont l’invitation à la mutation à la transformation.
Tous ces symboles à la lumière blafarde et faible de la bougie sont des portes, des invitations à déchirer le voile de la matière, à ne pas se faire avoir par les apparences, déboulonner les fausses certitudes du mental qui n’a pas de réponse aux interrogations essentielles : quelle est mon origine, à quoi suis-je destiné, quel est le sens de ma vie, qu’est-ce que l’amour, pourquoi le mal et la souffrance existent-ils, qu’y a-t-il au-delà de la mort?
La maxime vigilance et persévérance sont les seules qui le rattachent au monde profane car elles sont du quotidien de l’homme debout vers sont destin d’humain.
Là, le profane commence à entrer dans une autre dimension d’interrogations profondes qu’il va devoir coucher sur le questionnaire et sur son testament philosophique indice d’une mort profane annoncée, mais qu’il ne perçoit pas encore.
Et le mot V.I.T.R.I.O.L. pour renaître il faut mourir…
Comme le dit St jean (12,24). « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.»
La formule V.I.T.R.I.O.L qui ne nous quittera jamais dans notre vie maçonnique nous invite déjà à ce détachement.
Elle nous invite à abandonner notre état profane pour faire une naître un homme nouveau. VITRIOL contient à la fois le moyen et l’objectif qui est son anagramme
L OR I(y) VIT !
C’est ce voyage de la terre qui nous apprend principalement le détachement.
Il nous conduit vers le chemin à parcourir, il démarre le processus d’éveil.
Il nous prépare à affronter d’autres épreuves, à recevoir d’autres purifications et nous engage dans l’action.
Mais ce voyage est un voyage profond en nous!
Notre société de l’information, tumultueuse, changeante, ou l’on nous propose du prêt a penser, nous enchaîne inexorablement au matérialisme sociétal et nous empêche de penser par nous même !
L’introspection et le détachement nous invite, comme le faisait Epictète en son temps, à nous attacher à ce qui dépend de nous!

Il écrira dans son Manuel : « L’essence de la philosophie, est qu’un homme devrait vivre de manière à ce que son bonheur dépende aussi peu que possible de causes extérieures »
Ce n’est pas une position égoïste ou irresponsable, c’est une méthode pour la vie.
« Souviens-toi que tu es comme un acteur dans le rôle que l’auteur t’a confié, recommande Épictète : court, s’il est court; long, s’il est long. Il dépend de toi de bien jouer ton rôle, mais non de le choisir » Mais il écrira aussi : « N’attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive… et tu seras heureux ».
Descartes dira plus tard, « il vaut mieux changer ses désirs que l’ordre du monde »
Nous francs-maçons savons que le détachement n’est pas abandon, mais prélude à une déconstruction et à une reconstruction volontaire!
En sortant de la caverne de Platon, du cabinet de réflexion, le profane est guidé pour découvrir le monde des idées pures, de l’intelligible.
Il devra accomplir des voyages pour se détacher du monde de l’illusion et découvrir progressivement le monde réel.
Platon ajoutera «Sont philosophes, ceux qui sont capables d’atteindre à ce qui existe toujours de façon immuable. »
Loin du dogmatisme social, politique, religieux ou moral !

Le voyage de l’eau, voyage du tumulte, du désordre, de la marche chaotique, invite l’impétrant à se libérer des influences trompeuses, de ses pulsions désordonnées et animales, des influences extérieures, sociétales et des fausses interprétations de ses sens. Il réveille son libre arbitre. Avec l’eau, il se ressource, se purifie symboliquement.
C’est symboliquement comme la libération du liquide amniotique comme l’instant d’un accouchement, la libération de la pensée pour soi même.
C’est le baptême, le début d’une nouvelle vie.
Le voyage de l’air, est après la sortie de la matrice, la révélation à la vie comme une première inspiration, il libère notre respiration, il nous engage à nous libérer de nos passions, de nos propres tensions et contradictions.
« le souffle impétueux de l’opinion générale fait s’effondrer l’échafaudage factice des théories personnelles …réussir sa vie avec ses propres certitudes. Il se donne beaucoup de mal, mais cela le conduira tôt ou tard à ne récolter que ruines et déceptions.» écrit Oswald Wirth
C’est l’invitation à libérer le mental.
Le voyage du feu, sous le fil à plomb «axis mundi», l’axe du monde, l’impétrant reçoit face à l’Orient, l’ultime purification qui va par le feu brûler toutes les scories et les impuretés, symboliquement initier un processus libératoire du dogmatisme (social, moral, religieux, politique…) et engager un mouvement de dépassement.
Cette libération amorce aussi une démarche de fusion, de liaison, de scellement d’un lien entre la franc maçonnerie et son nouvel adepte.
Les trois voyages de l’initiation à l’intérieur de la Loge espace temps sacré, engage l’impétrant vers celui de la lumière extérieure de la vie qu’il ne pourra comprendre et entreprendre vraiment qu’avec le viatique de la révélation de sa propre lumière intérieure qui pourra se produire par la contact du cosmique de l’épée flamboyante du vénérable maître au dessus de sa tête et dans le triangle tellurique formé par le glaive de métal de l’expert et la canne de bois du maître des cérémonie.
La terre rencontre ainsi le ciel.
Belle invitation au voyage d’une vie vers la lumière, pour le nouvel initié.
La pratique de l’Art Royal accompagnera le nouvel initié dans le processus de reconstruction qu’il va mettre jour après jour à l’épreuve de la vie profane.
Comme l’écrit Marie Madeleine Davy, « Le refus du visible et du sensible n’est jamais recommandé. Seule est exigée la conscience du voile recouvrant la lumière, afin de pouvoir le transformer en miroir.»
L’initiation et le détachement ou le dépassement du dogmatisme (social, moral, religieux, politique…) va ainsi le conduire à l’éveil, il pourra ainsi faire sien ces mots de Joseph de Maistre :
« Porter l’ordre et la sagesse dans l’anarchie maçonnique, rassembler les membres épars d’une Société de gens qui s’appellent Frères et ne se connaissent pas ; proposer à des hommes divisés par l’intérêt, par la jalousie nationale, par les systèmes politiques, religieux et philosophiques, de se réunir, de s’entendre, de signer un traité éternel au nom du ciel et de l’Humanité, c’est une entreprise sainte et magnifique.»