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La légende d’Hiram Abi(ff) Le mythe du maître ouvert …

Si la bible fait référence à la construction du temple du roi Salomon (1 Rois 5.15-32, 1 Rois 6.1-38, elle fait large place à la contribution d’Hiram roi de Tyr mais donne à Hiram Abi(f) un rôle secondaire dans l’aménagement (1 Rois 7.13-51). « 13 Le roi Salomon fit venir de Tyr un certain Hiram. 14 C’était le fils d’une veuve membre de la tribu de Nephthali et d’un père tyrien, et il travaillait le bronze. Hiram était rempli de sagesse, d’intelligence et de savoir-faire pour fabriquer toutes sortes d’objets en bronze. Il arriva auprès du roi Salomon et il réalisa tous ses travaux. … ».

Voilà, à partir du point de départ biblique, l’arrivée sur le chantier du temple d’un spécialiste du bronze, la franc-maçonnerie va construire la légende d’Hiram Abi(ff) qui deviendra ainsi l’architecte du temple.

Elle cela nous mènera de la construction du temple à la l’assassinat d’Hiram, ses obsèques et la punition des assassins.

Si la franc-maçonnerie se bâtit sur cette légende dramatique jusqu’à un certain degré initiatique, nous ne possédons pas de texte ou de source autre que ces quelques versets.

Tout a été ajouté après!

Les premières références à l’architecte Hiram sont de Samuel Prichard, Masonry Dissected, La Maçonnerie Disséquée,
publiée à Londres en 1730. Son intérêt fondamental est de nous livrer la première version connue et cohérente de la légende qui devait désormais constituer le noyau du grade de maître.

Qui a donc imaginé et rédigé cette légende fondatrice?

Comme l’écrit Roger Dachez, « La légende d’Hiram, sa mission accomplie, le nouveau grade de Maître mis en œuvre et imposé peu à peu, se mit à vivre de sa vie propre, incontrôlable et imprévisible. Elle créait un concept nouveau, promis à un destin fabuleux, et qui devait se décliner à l’infini dans les hauts grades dont elle fut le
modèle fondateur.

N’est-il pas clair que les plus anciens de ces hauts grades reposent sur des gloses, parfois laborieuses et pénibles, sur les à-côtés, les antécédents ou les conséquences de la mort d’Hiram ?
On s’est du reste interrogé sur ce qui serait advenu si la légende ne s’était pas conclue, telle que Prichard la rapporte, par un mot perdu, un mot substitué et un architecte tragiquement disparu. On voit en effet sans difficulté la faille de ce schéma : il faudra bien retrouver le mot perdu et remplacer l’architecte, voici de quoi écrire cinq ou six autres légendes et autant de nouveaux grades. Si la maçonnerie se lança aussitôt, et pour plusieurs décennies, dans une prodigieuse et parfois folle entreprise créatrice de grades à la recherche de la Parole perdue, n’est-ce pas simplement parce que les auteurs de la légende fondatrice l’ont construite comme un récit ouvert et inachevé ? Maladresse ou génie ? Nul ne peut répondre. »

Comme l’ecrivait Antonio Machado:

« Caminante, no hay camino, se hace el camino al andar »; « Marcheur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant »

Il est beau, il est long le chemin…

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Par Alain Aussenac

"A vingt ans, il s'était cru libéré des routines ou des préjugés qui paralysent nos actes et mettent à l'entendement des oeillères, mais sa vie s'était passée ensuite à acquérir sou par sou cette liberté dont il avait cru d'emblée posséder la somme." L'Œuvre au noir, Marguerite Yourcenar

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