La porte est un médian du binaire, en ce sens, qu’elle est la frontière équilibrée entre le monde du dedans et le monde du dehors !
Elle donne l’accès à un espace clos qu’elle protège, à l’intérieur fermée, d’ou l’expression se mettre à couvert.
Ouverte, elle autorise l’accès.
Dans notre temple, c’est un symbole orienté car la porte est à l’ouest, elle est le passage des ténèbres à la lumière.
Elle est aussi le passage du tumulte de la cité des hommes, au temple sacré qui permet le lien de l’humain au divin.
Saint Matthieu dira « étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie et il y en a peu qui le trouvent. »
« Frappez et on vous ouvrira. », ce n’est pas si simple que ça ! En effet , « nul ne rentre dans le temple s’il n’est franc maçon ! »
A l’exception du candidat lors de la cérémonie de l’initiation.
Avant d’entrer, le candidat effectuera le passage dans le cabinet de réflexion, matrice préparatoire à une nouvelle naissance.
Il en sortira comme un enfant à sa naissance en abandonnant une partie de ses vêtements, le cœur découvert, ouvert sur les autres, le genou droit mis à nu, symbole de piété, pied gauche déchaussé (en pantoufle) pour se préparer à fouler un lieu sacré, privé des métaux, les yeux couverts par le bandeau, prêt et autorisé à frapper à la porte du temple.
Il est maintenant (pro) devant, (fanum) lieu consacré, la porte du temple.
Dans l’Antiquité, le gardien des portes était Janus nommé Bifrons (1) car toute porte regarde des deux cotés.
Il est représenté par un homme à deux visages.
Avec tout ce que cela peut symboliquement représenter : ouverture-fermeture, devant-derrière, haut-bas, droite-gauche, pour-contre.
Il est la vigilance.
Janus fut mis au pinacle du panthéon romain, par extension il deviendra celui qui préside au commencement (janvier mois de Janus).
En franc maçonnerie, c’est le Couvreur qui garde la porte du temple, ancien Vénérable Maître, tel Janus, il est porteur de la mémoire de la Loge et détient les codes et les clés.
De ce fait, il en contrôle les accès.
Il est aussi maître du temps; le temps profane d’hors le temple et le temps sacré de l’intérieur du temple.
Il donne l’accès du profane au sacré.
Il est seul libre de passer du profane au sacré, ne serait-ce que pour faire taire les bruits et les rumeurs de l’extérieur et calmer les trublions!
La porte symbolise le passage entre deux états, entre deux mondes.
Chez nous le passage du profane au sacré.
L’importance de la porte est immense, puisque c’est elle qui donne accès à la révélation,
sur elle viennent se refléter toutes les harmonies de l’univers.
La porte est symboliquement le début de l’espace, elle indique un commencement.
Elle est aussi un symbole majeur de la transcendance.
10 – 9 « Moi je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé;
Il entrera et sortira, et trouvera un pâturage ». Évangile selon St jean.
Comme l’écrit Annick de Souzenelle, « une autre réalité dont la langue hébraïque va nous aider à prendre conscience, nous est apportée par la grande similitude qui lie les deux mots: Porte-Daleth (2) et connaissance –Daath (3), une lettre médiane les différencie.
Dans le mot « connaissance », cette lettre est Ayin, elle symbolise « la source » à laquelle l’homme doit puiser.
Le profane au pied de la porte demande l’accès à la connaissance dont la source se trouve dans l’espace sacré qu’il va fouler à condition qu’il possède les qualités requises pour pouvoir y accéder.
Le profane est guidé par le Maître des Cérémonies jusqu’à la porte du temple, il est invité à taper un grand coup.
Ce grand coup est le dernier coup, c’est le dernier effort dans le monde profane avant de pouvoir accomplir le cheminement de l’Initiation par les épreuves de purification dans l’espace sacré qui vont lui permettre enfin de recevoir la Lumière.
Ce grand coup est aussi une révélation et un acte de volonté sublime, une demande d’accéder à de nouveaux mystères.
Les éléments du cabinet de réflexion et la rédaction de son testament philosophique ont induit cette demande.
Ce grand coup dont l’onde vibratoire va ouvrir la première Séphirah (ou Chakra), Malkuth (le Royaume) qui est la création elle-même, l’immanence divine.
Elle ouvre la réceptivité au divin.
Ce grand coup est un acte de volonté.
Il indique que la démarche initiatique est un engagement personnel sur le chemin de la réalisation.
La porte ouvre sur un nouveau complexe énergétique qui agit dans l’Espace Temps Sacré.
La connaissance de la Loi, la croyance en Dieu sont des éléments impératifs pour accéder à l’action constructrice et bienfaitrice de ces forces.
« Demandez et vous recevrez, frappez et on vous ouvrira. » Mathieu 7.7
La volonté de Dieu a besoin de la Volonté des hommes pour se réaliser.
Ainsi sans trahir quoi que ce soit des secrets qui m’ont été confiés, à chaque étape, à chaque degré de notre vie maçonnique, inlassablement, il nous faudra nous préparer, nous mettre en condition, nous rendre réceptif, pour pouvoir frapper pour demander l’ouverture de nouvelles portes, pour accéder à d’autres espaces et d’autres mystères sur le chemin de la Vérité, de la Lumière.
A chaque degré, il faudra posséder les codes d’accès !
Dans le récit de la construction du temple de Jérusalem par Salomon (4) (2 Chr. 3:17, 1 Rois 7:21).
Salomon fit construire deux colonnes devant le temple, celle de droite s’appelait Yakin, et celle de gauche Boaz.
Il est dit que ces deux colonnes étaient comme des obélisques dressées dans le ciel avec les deux globes, le terrestre et le céleste.
Le Temple est le symbole de notre relation à Dieu.
La Terre représente le matériel, et le Ciel le spirituel.
La porte est là pour marquer cette frontière est participe avec les colonnes à la création de notre relation à Dieu.
« Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui : non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. » Prologue de l’Evangile selon Saint jean.
En cette fin d’année, à quelques jours de la Saint Jean d’hiver, lorsque l’obscurité est la plus forte de l’année, nous ne sommes jamais aussi prés de la porte de la lumière.
En effet, comme Saint Jean de la Croix (5), nous avons besoin de l’obscurité pour permettre à notre âme de ne se guider que par l’amour.
L’amour est la Lumière des frères.
Ouvrons lui grand la porte de notre cœur.
1*Janus Bifrons

Janus avait toujours un visage jeune et l’autre vieux, car il symbolisait le passé et le futur.
Parmi les noms qu’on lui avait donné on a “Patulcius” (celui qui ouvre), “Clusius” (celui qui ferme), “Geminus” (double). Mais aussi “Biceps”(avec deux têtes) et “Bifrons” (avec deux faces).
Le dieu tenait un bâton dans sa main droite et des clés dans sa gauche.
2*Le Daleth est le chiffre quatre : il y a quatre mondes et quatre niveaux d’interprétation

3*Daath la Connaissance. C’est la séphirah cachée de la Kabbale

Elle est ordinairement considérée comme représentant la conscience d’une autre dimension ou celle d’un autre niveau ou plan ; elle évoque essentiellement l’idée d’un changement de clef »
Dion Fortune – La Cabale Mystique.
4* Le temple de du Roi Salomon
Le Midrash, qui est l’un des modes d’interprétation Rabbinique de la bible dit :

«Le temple est l’embellissement du monde, en ce qu’il représente l’essence même du beau sur terre, il rend possible la relation spirituelle entre dieu et l’homme.»
5* Saint Jean de la Croix écrit dans «Nuit Obscure»

Plus les choses divines sont en soi claires et manifestes, plus elles sont naturellement obscures et cachées à l’âme. Il en est ici comme de la lumière naturelle : plus elle est claire, plus elle éblouit et obscurcit la pupille du hibou ; plus on veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on la prive de lumière; cette lumière dépasse la faiblesse de l’œil.
De même quand cette divine lumière de la contemplation investit l’âme qui n’est pas encore complètement éclairée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, parce que non seulement elle la dépasse, mais parce qu’elle la prive de son intelligence naturelle et en obscurcit l’acte.
Voilà pourquoi saint Denis et d’autres théologiens mystiques appellent cette contemplation infuse un rayon de ténèbres.»